1. Branche de LAUBIER

 

 

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Famille de LAUBIER

 

 

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Histoire de famille :

 

 

Famille de LAUBIER

 

 

 

Je prends pour base la généalogie de Philippe de Laubier (Branche 10, §10ter).

 

 

 

En résumé :

 

Le début de cette ascendance n’est que supposée. Il manque une preuve de lien de filiation entre David LAUBIER et Abraham de LAUBIER.

Vers 1550 la famille LAUBIER vit dans le centre de la France, en Berry. Michel y est écuyer, tout comme le sera son fils Bertrand.

Bertrand serait un gentilhomme huguenot ayant pris part à la défense de La Rochelle comme protestant, ce qui l’aurait contraint à se cacher et s’installer près de Saint-Jean-d’Angély.

Il aurait pour fils ou petit fils Abraham de LAUBIER.

Abraham est notre premier ascendant vérifié, à partir de lui les filiations sont prouvées.

 

Abraham se marie à Gouscougnolles, dans les Deux-Sèvres, avec la fille du Seigneur de Sompt. Deux-Sèvres que la famille ne quittera pour ainsi dire pas pendant 200 ans. Elle vivra dans les villes de Melle, Sompt, Tillou, Chef-Boutonne et alentours, soit sur un rayon de 15km autour de Tillou.

Le fils d’Abraham, Charles, est inscrit d’office à l’Armorial du Poitou avec le blason suivant : « de gueule à l’étoile d’or à 8 rais mise en franc quartier », soit une étoile d’or mise en haut à gauche, sur fond rouge.

Il est Sieur de la Pagerie, procureur fiscal de la chastellenie de Teillou et greffier des rôles de la paroisse de Sompt.

Son fils Charles-René est seigneur de Forgeterie, fermier de la seigneurie de Teillou (Tillou).

S’ensuivent des générations de notaires ou de procureurs fiscaux :

Son fils Charles-René est comme son grand-père procureur fiscal de Tillou et notaire Royal.

Son fils François-Georges est notaire public et maire de Melle de 1816 à 1819. La révolution passée par là, le notariat devient public au lieu de royal.

Son fils Aristide habite d’abord Melle, puis La Cornilière près de Tours. Il est notaire à Melle puis avocat à la Cours Royale de Paris.

Son fils Timoléon est notaire à Melle. Il part à la Guadeloupe où il vit quelques années et se marie.

Il s’installe à Paris, où il est rentier. Il décèdera à Roubaix.

Le changement s’opère : son fils Georges est architecte, ingénieur E.C.P.. Il habite Fourmies puis Roubaix.

La famille reste alors sur Roubaix  avec Michel, et nous voilà déjà de nos jours, nous descendons sur Bordeaux avec Michel fils, dit Michou.

 

 

 

 

Histoire de famille :

 

 Plantons le décor : Nous sommes en Berry, en plein cœur de ce qui n’est pas encore la « France », dont les provinces sont disputées par les puissances de l’époque, notamment l’Angleterre, longtemps notre perfide ennemie.  Dans ces années 1550 où vit le couple de Michel de LAUBIER et Claude CHAUMONT, son épouse, les temps sont troublés, le pays se déchire entre Papistes et Huguenots. 

Michel est écuyer, donc gentilhomme, Seigneur de Travergonne, terre qu’il peut avoir achetée, ou reçue par un héritage dont nous ignorons l’origine.

Leur fils aîné, Bertrand, agrandit à son tour son fief et ses titres en épousant, le 19 janvier 1570, sous Charles IX, Jacquette CHAUVIN, qui lui apporte « en espérances » les terres et titres de son père, Jean Chauvin, écuyer, Seigneur des Roches. À quoi s’ajouteront les seigneuries des Groies, Nieul et Travergonne, à la mort de Michel, son père. Son frère Louis est lui-même connu comme gentilhomme à la Chambre du Roi Henri IV.

Nous sommes en 1598. Le siècle touche à sa fin, et l’avènement du Béarnais a mis fin, par l’Édit de Nantes, aux luttes fratricides qui ont ensanglanté la France. Au moins momentanément.

La famille de Bertrand et Jacquette compte 4 enfants : David, Suzanne, Jeanne et Esther. A la seule lecture de ces prénoms, nous pouvons sans risque augurer que la famille a quitté le Catholicisme pour la religion Réformée. Si la filiation entre David et Abraham de Laubier ne peut être que supposée, faute de documents, les prénoms bibliques de ces deux ancêtres dissipent le doute.  Les faits le confirment :  nous savons que David prendra part au siège de la Rochelle, en 1627, du côté protestant. Les troupes royales ayant pris la ville, David et sa famille Elisabeth devront s’exiler en Charentes, dans la région de Saint Jean d’Angely. Quelques années plus tôt, en 1601, il a obtenu la sentence lui reconnaissant la qualité de noble, seigneur des Groies et du fief de la Regnauderie. Noblesse qui n’est ni de cloche ni de robe.

Ici se termine l’ascendance qui ne peut être totalement confirmée, faute de documents.

Et maintenant commence l’histoire qui, d’Abraham de Laubier jusqu’à nous, se déroule à travers le temps et les pérégrinations parfois fort éloignées les unes des autres.

La famille de Laubier s'établit alors à l'est de Niort. Elle vit entre Chef-Boutonne, Ardilleux, Tillou, Sompt, Melle, soit sur une distance de 19 km entre les deux points les plus éloignés, et ce pendant plus de 200 ans.

Abraham de Laubier qui exerce la profession de notaire, épouse en 1633 Jeanne Russet. Ils ont l’un 30 ans, l’autre 24. Jeanne est la fille de Pierre Russet, Seigneur de Sompt. Son frère Pierre est avocat au Parlement et juge sénéchal de Teillou.

Le couple d’Abraham et Jeanne donnera naissance à 5 enfants, dont Charles assurera la pérennité du nom. Car il n’a que des sœurs : Catherine, Françoise, Marie, Louise. Le choix des prénoms s’est détourné de la Bible. Par conviction ? Par prudence ? Impossible de répondre.

   Ils fréquentent naturellement les familles de leur rang, exerçant des professions touchant au droit ou la justice, sur ce territoire où les mêmes familles se côtoient sur plusieurs générations. Abraham décède aux alentours de 1675, et Jeanne le suit quelques années plus tard (1681).

  

Charles de LAUBIER naît en 1642. Le futur Louis XIV est encore sous la tutelle de sa mère, et le petit Charles fait le bonheur de sa sœur aînée, Catherine, qui a 7 ans de plus que lui.

Charles, Sieur de la Pagerie, devient procureur fiscal de la Chastellenie de Teillou et greffier des rôles de la paroisse de Sompt.  À l’armorial du Poitou, ses armoiries sont inscrites : « de gueules à l’étoile d’or à 8 rais mise en franc quartier ».

Son premier mariage avec Renée Long sera marqué par les deuils : leur fils, Abraham, puis la mère elle-même. Marie, seule survivante de ce premier mariage, épousera à 27 ans Pierre de Vieillechèze, Seigneur de Laleu et capitaine de la milice de Saint-Maixent.

A l’âge de 33 ans, Charles se remarie. Il épouse Marie ANDRE de PUYFONTEAU, à Ardilleux, dans les Deux-Sèvres.  Marie est la fille de Mathurin André, Seigneur de Puyfonteau. Son oncle maternel, Jacques Suyre est Sieur de Forgeterie. C’est de lui que viendra le patronyme de LAUBIER de FORGETERIE.

Charles et Marie ont de nombreux enfants : André, Marie, Cécile, François, Marie-Thérèse, Louis-Armand, Marie-Thérèse, Charles-René et Joseph. Ils perdent André et la petite Cécile âgée de 4 mois (Si toutefois André a bien existé).

L’histoire de la succession de Charles nous réserve quelque suspense : malgré leur nombreuse famille, le patronyme a bien failli disparaître et notre histoire s’arrêter là…

Le premier héritier du nom est François, son frère aîné, André, étant décédé. En 1708, nous le trouvons   lieutenant au régiment de Mormolin.  Louis XIV est encore dans l’éclat de sa puissance, et l’appartenance à un corps d’armée a toujours été un choix naturel pour la noblesse. Seigneur de la Pagerie, il se marie à 28 ans avec Marguerite Barret, qui lui donnera 5 enfants. Quatre fils : Charles, François-René, Louis-Armand, Pierre-Michel, et une fille, Louise-Marguerite.  Aucun des 4 garçons n’aura de descendance masculine pour assurer la pérennité du nom de famille...

Des enfants qui suivent François dans la fratrie issue de Charles et Marie, l’une, Marie-Thérèse reste célibataire ; quant à son frère Louis-Armand, il choisit la prêtrise, devenant curé de Loubillé, puis curé de Gournay.

 

C’est un petit dernier, Charles-René, 10ème enfant de la famille, celui qu’on n’attendait plus peut-être, (sa demi-sœur Marie est de 21 ans son aînée !) à qui reviendra la branche héritière.

La famille de Charles et Marie compte de nombreuses relations, dont nous trouvons les noms dans les registres paroissiaux, où ils figurent, pour certains, en tant que parrains ou marraines, chacun sachant signer son nom.

Marie décède après 22 ans de mariage (1697), et Charles la suivra 19 ans plus tard (1718).

Charles-René est Seigneur de Forgeterie, titre hérité de l’oncle de sa mère, et fermier de la Seigneurie de Teillou. Il épouse Jeanne Barret, sans doute la sœur de l’épouse de son frère François, à Gournay, où son frère Louis-Armand est alors curé. Charles-René a 31 ans, tout comme son épouse Jeanne. Ils vivent à Tillou.

Quatre enfants naîtront de leur couple : En 1722, Charles-René, qui porte le nom de son père, selon la tradition.  Deux ans plus tard, les jumeaux François et Françoise, et enfin Louis.

Charles-René (fils), notre aïeul, est l’aîné de la fratrie. Son petit frère François deviendra fermier de la terre et seigneurie du Vieux Lié. Il épousera Jeanne Marie Garnier avec laquelle il aura 13 enfants. Le petit Louis devient Sieur de Beauchamp. Il épouse Marie-Anne Minault dont il a 3 enfants.

 

 Revenons à notre aïeul, Charles-René de LAUBIER  , établi Notaire Royal et Procureur fiscal de Tillou, où il épouse, en 1749, Marie LEGENDRE, fille de Marie CHEVRELIERE. Le couple vivra à Lié, puis à Tillou et Sompt. Nous sommes toujours dans le Poitou, entre Niort et Poitiers. La lignée se perpétue dans le même décor avec une remarquable stabilité.

 Le couple aura 7 enfants : Trois filles, dont une petite Jeanne qui meurt au berceau, et Louise qui épousera son cousin Pierre de Laubier, Sieur de la Brousse. Et quatre garçons, dont François-Georges, notre aïeul, est l'avant-dernier de la fratrie. Son frère Charles-Louis, resté célibataire, lègue la Dubraiserie à son neveu Aristide, le fils de François-Georges.

Marie décède à l'âge de 66 ans, en  1788, et Charles René ,4 ans plus tard,  à l'âge de 70 ans. 

 

François-Georges de LAUBIER de FORGETERIE épouse en 1793 Louise-Rosalie CHAMPEVILLE de BOISJOLLY. Originaire de Troyes, dans l’Aube, Louise-Rosalie héritera 2 ans plus tard de plusieurs maisons à Angoulême. Ils vivent à Melle où François Georges est Notaire public. Il est également maire de Melle de 1816 à 1819. Ils auront 2 enfants :  Louise et Aristide.

     On ne peut s’empêcher de songer que ces familles, qui semblent traverser les années à l’abri de toute perturbation, ont connu la Révolution, les années noires de la répression révolutionnaire dans l’ouest de la France, bientôt suivie par les campagnes napoléoniennes.  La seule mention de « Notaire Public » pour François-Georges, qui remplace celle de « Notaire Royal » pour son père Charles-René, témoigne à elle seule du changement d’époque. À nous d’imaginer ce que les uns et les autres ont pu connaître de frayeurs ou de menaces, ce dont nous trouverons bientôt un témoignage sous la plume de Timoléon, le fils d’Aristide. 

Aristide de Laubier épouse en février 1820 Carolina PANDIN de LUSSAUDIERE, dont la famille, originaire du Poitou, passe pour très ancienne dans cette province.  La mère de Carolina est originaire de Hambourg.

Un de leurs fils, Timoléon, écrit au sujet de son père :  "Encore sur les bancs du Lycée Impérial, il fut pris et incorporé dans les Gardes d'Honneur. À son retour de la campagne de Russie, il fut retraité avec le grade de sous-lieutenant. Il termina alors ses études, devint Notaire à Melle à la place de son père, puis avocat à la Cour d'appel de Paris."  

Ils habitent près de Tours, à la Cornilière, et reçoivent, en 1831, la Dubraiserie (commune de Lié) de l’oncle Charles Louis.            

 Notons toutefois, dans les propos de Timoléon, la mention de Paris, où Aristide est titulaire d’une charge d’avocat à la Cour d’appel. C’est peut-être le premier signe d’une émancipation des racines poitevines, que nous ne retrouverons plus, après la naissance des 4 enfants :  les premiers meurent au berceau, le troisième, Charles, capitaine d’état-major meurt à 39 ans. C’est le dernier, Timoléon, né en 1826, qui deviendra notre ascendant. Quoique né à Melle, il quittera la Poitou natal pour des aventures que ses ancêtres n’auraient pas imaginées !

Carolina décède en 1858, Aristide en 1876.

Timoléon et Mathilde se marient en 1867 à la Pointe à Pitre en Guadeloupe, où vivait Mathilde, née de Saint-Jours, orpheline à l'âge de 12 ans.

Rien n’explique pour Timoléon ce séjour si loin des racines familiales, à une époque où les voyages en mer restent périlleux. De quoi vivait le couple ? La légende familiale voudrait qu’on y possédât des plantations de canne à sucre… mais aucun document ne vient corroborer ce fait, lequel, néanmoins, reste vraisemblable. A 41 ans Timoléon épouse Mathilde de Saint-Jours, âgée de 27 ans. L’abbé Fernand Belot, cousin de Mathilde, lors du discours fêtant leurs 25 ans de mariage, n’hésite pas à proclamer : "C'est Dieu qui signait avec vous cet engagement (mariage) puisqu'il avait dû briser la volonté d'un père pour vous laisser l'un à l'autre." Le « père » en question ne peut être qu’Aristide, puisque Mathilde est orpheline. Sa mère était une demoiselle Belot, ce qui explique les liens très forts qui ont perduré entre les deux familles.

Le couple s’installe rapidement à paris à Paris, où naissent leurs deux garçons, Georges et Maxime, nés respectivement en 1868 et 1870. Pour l’anecdote, nous avons longtemps possédé une toute petite tasse à café, que Mathilde faisait remplir de sucre de canne sur lequel on versait un café très fort !

Notre aïeul Georges, qu’il nous semble bien connaître grâce aux longues Notes qu’il écrira pendant la guerre de 1914-1918, a-t-il gardé quelque trace de ces îles lointaines ?... Il nous en reste un charmant recueil des fables de La Fontaine transcrite en patois créole, pleines de saveur, mais il nous manque l’accent pour leur rendre vie…

                                       Yon pied chêne dit yon pied roseu

                                      Ca kha fèkhè moin mal, vouément

                                      Com yon ti zenfant sans maman.  (Le chêne et le roseau)

Leur fils Maxime, militaire, sergent aux Tirailleurs soudanais, meurt au Soudan, à 22 ans, en 1893, au cours d’un épisode des guerres coloniales que la France mène alors en Afrique.

Son frère Georges fait des études à l’Ecole Centrale de Paris, en y ajoutant une spécialité architecture. Au moment où meurt son frère, la femme qu’il a épousée un an plus tôt, met au monde un garçon, prénommé Maxime en souvenir du disparu. Son épouse est Yvonne Cadou, née à Fourmies (Nord) en 1869. Ils ont respectivement 23 et 22 ans. Nous avons du mal à trouver le lien qui a pu les faire se rencontrer, sauf si l’on remonte la généalogie d’Yvonne : son père, Alcime Cadou est né lui-même à Petit Bourg, Guadeloupe, où vit sa famille. Cependant, ses parrain et marraine sont de la France métropolitaine, ce qui nous montre que les liens entre ces territoires et entre les familles existaient, même si nous n’en avons pas la trace.

    Ils vivent d’abord à Fourmies, puis s’installent à Roubaix, où Georges travaille à la construction des usines lainières, en pleine expansion. À cette période, la vie est large, ils ont une maison de vacances à Locre, au Mont Noir, pays flamand. Yvonne met au monde six garçons : après Maxime, Jean en 1897, Alcime en 1899, Christian en 1900, Michel en 1903, et François en 1905. Nous savons, par les Notes de guerre, que Georges accordait une grande importance aux valeurs familiales.

C’est une famille   heureuse qui partage son temps – outre les études au collège Notre Dame des Victoire – entre deux passions : les échecs et la musique. Les garçons jouent même en cachette, sous les draps, éclairés à la bougie ! C’était vraiment une passion familiale, puisqu’on voit sur une photo Georges jouant avec son fils aîné Maxime, alors que, une génération plus tôt, on peut voir une même partie entre Timoléon, son père, et son fils …

L’autre passion de cette famille : la musique. Chaque enfant jouait d’un instrument. Michel du violon ; François, du violoncelle ; Christian, du piano. Pour les autres, on ne sait pas ; pas d’instrument à vent, en tout cas. Ils ont eu pour professeur deux frères : Gabriel et Edouard Buntchu, Suisses, qui logeaient chez les parents et vivaient de leçons de musique et de concerts. Ils s’acquittaient de leur « loyer » en donnant des leçons de musique à toute la famille. Leur lien avec la famille devait être suffisamment proche pour que l’un d’eux, Edouard, devienne le parrain de la fille aînée de Christian, Anne (Decoster). Michel racontait qu’il leur arrivait d’être réveillés par les deux frères, retour de concert, leur proposant de faire ensemble un peu de musique, quelque trio ou quatuor de Mozart ou Beethoven… 

À Locre, pendant les vacances, il était de coutume de dire le chapelet et les litanies des saints, tous les soirs, en famille. À quoi participait le personnel, flamand pour la plupart. Si bien qu’au moment de répondre : « Priez-pour nous » à l’invocation d’un saint, cela donnait en flamand « bid voor ons », que Michel comprenait : « Bête féroce » ...Qu’en pensait-il ? À l’époque, les enfants ne posaient pas de question...

  Ce bonheur partagé sera tranché net par la déclaration de guerre en août 1914. La région de Lille-Roubaix-Tourcoing est rapidement envahie, occupée par l’armée allemande et retranchée ainsi du reste du pays. Impossible de communiquer avec le reste de la famille – mère, sœur, amis, marraine – qui vivent en zone libre. C’est une des raisons qui poussent Georges et Yvonne à consigner jour après jour, les menus faits comme les événements importants qui font leur quotidien. À les lire, on peut affirmer que la population de cette région a été véritablement martyre, et c’est justement de ce quotidien que Georges et Yvonne veulent rendre compte, de façon que leur famille, leurs enfants, sachent ce qu’ils ont vécu. Ils se dévouent à la Croix-Rouge : Georges comme Administrateur, Yvonne comme infirmière, dont elle apprendra le métier pour cette cause et sera finalement diplômée avec succès à son examen. C’est ce sens du dévouement, sans bornes, qui les soutient moralement, au milieu des affres de savoir leurs deux aînés courant des dangers mortels, dont ils n’ont aucune nouvelle, ou si peu...C’est aussi ce dévouement sans limites qui fragilisera la santé de Georges, dont le cœur donne déjà des signes de fatigue. Il mourra en 1953, 5 ans après ses deux fils aînés, morts pour la France en 1918.

  Yvonne, qui avait l’intuition des mères, dira, le jour où un tableau qu’elle aimait s’est décroché du mur : « Jean est mort ». Et c’était vrai. Devenu pilote de ces nouveaux « aéros », comme on disait à l’époque, il a été abattu et donc disparu... Yvonne, qui était une fervente croyante, a fait recouvrir un prie-Dieu du costume « bleu horizon » que portaient ses fils, morts pour la France. Georges, qui note parfois ses réflexions sur le déroulement des opérations, ou plus exactement sur le non-déroulement, puisque les ennemis avancent et reculent de quelques mètres, et ceci, pendant des mois et des mois, dit qu’il s’agit là de l’affrontement de deux géants, et que le combat ne se terminera que lorsque l’un d’eux sera complétement à genoux. Il est bien un des seuls à dire que cette guerre durera longtemps, autour de lui, on essaie de se bercer d’illusions...

Georges : "23 Août 1916    Voilà 24 ans écoulés que nous sommes mariés ! Quel triste anniversaire !

Nous n’avons plus de ressort. Et cependant tous deux, si bien appariés, nous avons passé des tourmentes bien dures… notre séjour à Mulhouse, pauvres et sans indications de l’avenir… Nancy et le sentiment d’insécurité que l’on éprouvait chez Henrion… puis Billancourt et l’angoisse de ne rien trouver, d’être à charge à des parents déjà dans l’embarras… puis Roubaix et la recherche d’une situation… le peignage Motte et l’hostilité des Meillassoux… les décomptes de mon Père et les charges croissantes… l’insécurité… mon association avec Tampan et la longue suite d’ennuis pendant 11 ans… la déconfiture de Papa, notre entassement rue du Moulin… dix personnes à nourrir, à servir… à accorder… et cependant nous avons traversé tout cela cœur à cœur, coude à coude… pourquoi se laisser aller à a faiblesse.

Espérons, espérons toujours que la très bonne étoile qui brillait à l’Orient le soir de notre mariage et que je contemplais pendant que le train filait ne se démentira pas et que le 25° anniversaire nous réunira au complet. Je ne dirai rien de la guerre… cela va très bien… et cela ne bouge pas."

 

 

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Date de dernière mise à jour : 21/04/2022

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