Léon Ribière de la Bézie

 

En rentrant je trouve un agent à la porte. Sans que je le lui propose, il entre avec moi dans le petit bureau et me dit d’un air navré : « Vous attendez des nouvelles d’un soldat ? J’ai ici des papiers à vous faire signer ». Heureusement que je savais où était Maxime !

Tout de suite je pense à Léon. « Voilà, me dit l’agent, une note de décès que je vous prie de signer… le cœur me manque… pauvre garçon… »

Je lis : « Léon de Ribière, brigadier au 25° d’artillerie a demandé de prévenir la famille de Laubier etc… blessé à Sésame dans les combats du 5 septembre mort le 8 sur le champ de bataille » …

Je signe… et l’agent me regarde. Je pleure ne lui rendant la feuille… Alors il me dit d’un air gêné :

  • Ce n’est pas votre fils ? 
  • Non, c’est un cousin dont nous étions la seule famille et que nous aimions beaucoup.
  • Ah, que je suis content ! Dans les maisons où ce sont les fils, ce sont de telles révolutions que je ne peux pas obtenir de signature…

Et en me montrant sa sacoche il ajoute : « J’en ai là pour toute ma journée… ».

Il sort. Je le plains. Que de larmes vont être versées.

Ainsi ce pauvre Léon est mort tout à côté de Maxime. Combien il a dû souffrir durant ces trois jours… a-t-on pu établir une ambulance sur place même… est-il mort sans aucun soin et faute de soin, et sans une parole de consolation et de réconfort… je suis navrée, les enfants pleurent, Michel est inconsolable, ils s’écrivaient souvent, Michel en parlait sans cesse. Mon Dieu que tout cela est triste.

 

 

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 15/03/2023

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